le baptème





D’Apatou à Grand Santi ! 5 août 2006 , le Baptême du feu !


Ici, dans notre « île » quelque part au fond de la Guyane entre fleuve, ciel et forêt, nous sommes en train de passer à l’heure de mes soixante ans, de la découverte éblouie à l’immersion dans cette nature fascinante et puissante. C’est un stade nécessaire pour qui souhaite se laisser « apprivoiser » par ce nouveau monde , au socle pourtant quasiment inchangé depuis plus de 4 milliard d’années , celui du plateau des Guyanes !
. Pour moi les problèmes seraient plus de difficultés de gestion d’une équipe, de personnes qui sont là depuis longtemps et je me demande si ce n’est pas moi qui ait du mal à savoir adapter ce que j’ai récemment appris en matière de missions de PMI aux réalités du terrain « insulaire » et enclavé où nous évoluons ici (quelles différences avec le « littoral ») ! Une visite récente à mon confrère Flavien Rigouart avec lequel le « courant « est particulièrement bien passé m’a fait beaucoup de bien ! Il officie depuis plus de quinze ans à Grand Santi , envisage à plus de 67 ans d’abandonner le métier pour se consacrer à ses moutons et ses chèvres sur son campou à une demie heure de pirogue de là .Physiquement il me ressemble un peu au point que plusieurs personnes m’avaient confondu avec lui depuis mon arrivée en Guyane .
Pour Nicole, ce sont les problèmes complexes du ravitaillement et le choc culturel qui la travaille (tous des sauvages !….) il est vrai qu’ici ce sont véritablement des Africains par leur mode de vie et leur culture, les instincts sont puissant, la superstition concernant les morts et bien autre chose l’est également …..Je m’y retrouve tout à fait après les missions dans leur terre d’origine (il fait bon leur rappeler de temps en temps que les blancs sont arrivés ici bien avant les premiers esclaves noirs, que les seuls qui peuvent se dire chez eux réellement ici, sont les amérindiens).
Ceci dit, matériellement nous ne sommes pas mal installés dans cette maison et nous commençons à nous faire adopter, si ce n’est par tous les habitants d’Apatou du moins par le fleuve !
Ce fleuve, je l’ai un peu plus découvert cette semaine en allant à Grand Santi, 5h 30 de pirogue en amont et pas mal de « sauts », voir Flavien l’autre barbe blanche du Maroni . Une commune un peu plus petite qu’Apatou, une gendarmerie ,deux gendarmes, une minuscule agence postale sans possibilité de retrait d’argent , même le RMI et autres prestations sociales depuis que les gendarmes qui en avaient la charge se sont fait voler la caisse deux fois en leur absence !, trois maternelles, deux écoles primaires et un collège qui ne sera pas terminé pour la rentrée illustrent la forte poussée démographique de tout le Maroni , même dans les zones les plus enclavées comme celle-ci .
En fait, en réfléchissant un peu, c’est nous les gens du littoral, de l’Europe, qui les imaginons enclavés.
En réalité, ils sont tout simplement chez eux, pas du tout isolés, ils n’ont pas forcément d’argent liquide , billets ou pièces en € ou SRD le « nouveau dollar surinamien » mais ils de l’or qui est sur le haut Maroni et sur tout le Tapanahony la véritable monnaie , en petites pépites ou en paillettes, Yannick à Apatou installé depuis trois ans , le seul pharmacien privé du fleuve avec celui de Maripasoula , s’est vu proposer de l’or pour payer les achats , il a accepté un moment , mais ne le fait plus !
Lors de notre passage, nous avons trouvé Grand Santi assez vide ; on nous a expliqué rapidement que beaucoup de gens étaient partis vers le « Gaan konde » le « grand pays » sur les rives du principal affluent de droite du Maroni : le Tapanahony qui s’enfonce profondément dans l’intérieur du grand sud du Surinam sur plusieurs centaines de kilomètres, le pays d’origines des Djukas installés sur ce fleuve depuis la fin du XIX° siècle. Pourquoi cette migration de plusieurs centaines de personnes ? Parce qu’une très vielle femme ( 107 ans ) est morte la bas , au pays , il faut y aller , faire une grande fête , un « broko dey » , pendant des nuits entière les tambours vont retentir et les chant aux allures de « psaumes » improvisés raconteront sa vie , tentant de retenir un peu de sa mémoire , de se l’approprier de manière que sont esprit laisse les vivants tranquille .Le Djuka qui vit avec Jeanne une infirmière de métropole , Mr Forster dit « Ti paï » me disait que le but est , pendant trois mois , de ne jamais laisser seul le proche d’un défunt , quelqu’un de la famille est à ses côtés 24h sur 24h même pour aller aux toilettes, pour le protéger de l’esprit du défunt .A la fin de cette période de « deuil » c’est le véritable « broko dey » une fête réellement joyeuse , un hymne à la vie , on a longuement évoqué des nuits entières le défunt , on demande maintenant et solennellement à son esprit de laisser définitivement tranquille les vivants , la page est tournée, la vie doit être la plus forte , on n’ira pas au cimetière , lieu toujours très discret , à ne pas fréquenter , c’est terminé ! Quel contraste avec l’attitude face aux nourrissons morts très jeunes (avant d’avoir ses dents), qui sont enterrés sans aucun protocole dans un coin du campou (j’ai appris récemment qu’il y avait eu plusieurs de ces « petits » enterrés presque devant le centre de soins, sous un bosquet de palmiers habituellement jonché de détritus, les grands enfants qui « savent » ne montent jamais sur ces palmiers Awara pour décrocher les fruits……

Nous avons croisé un midi en rentrant de Saint Laurent deux pirogues qui descendaient vers « La Forestière » hameau en aval où se trouve la zone du cimetière, l’une portait le cercueil couvert de fleurs avec les proches, l’autre la famille et les amis, tout le monde était entièrement habillé de blancs, apparemment aucune des « religions du livre » n’a d’emprise sur leur attitude face à la mort.

Un seul passage possible en montant pour cette portion du saut « mankaba » ( fin de l’homme ) , à l’extrême droite du saut en braquant à gauche brutalement ,moteur à pleine puissance , l’homme de proue ( Ede man) sa longue perche ( le Takiri) à la main , que l’on transporte des passagers ou 6 tonnes de carburant , un 4/4 , ou un pelleteuse ça passe ou ça casse( et ça casse régulièrement) . Aux plus basses eaux, en novembre et surtout décembre , on ne passe pas du tout!

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