Mon beau village



Mon beau village !

« Connais-tu mon beau village qui se mire dans le vallon,
Encadré dans le feuillage, on dirait comme un berceau !

En 1991, dans un petit village très isolé du massif du Fouta Djalon, en Guinée (Conakry), j’ai eu la surprise d’entendre un instituteur Guinéen faire chanter à ses élèves assis autour de lui sur le seuil de sa classe cette vieille et charmante mélodie.
Mon berceau, je l’ai choisi.. il m’a été offert.... peu importe, il est là, il encadre désormais mon quotidien, ce n’est pas le paradis, c’est une vie assez tranquille et rustique avec ses joies et ses peines.

Aujourd’hui, il m’est enfin donné d’écrire les premières lignes de cette Chronique d’Apatou, depuis tellement longtemps en gestation, mais ici plus qu’ailleurs le temps n’existe pas, le présent est là, tout puissant ! .

Entre deux séances de nettoyage de mon nouveau « nid », j’ai depuis trois jours beaucoup marché, sur les chemins d’Apatou. Il y a une ressemblance extraordinaire entre ce village et les villages de même dimension dans lesquels il m’est arrivé de vivre dans le Fouta Djalon de l'Ouest Africain ! Cette alternance de rues qui ressemblent à des chemins de campagne , aux maisons assez distantes avec des « concessions » sans clôtures , et de quartiers souvent plus pauvres avec de minuscules cases agglutinées , des quartiers que l’on traverse en violant bien involontairement l’intimité des personnes qui y vivent . On y passe quand même car le sentier serpente au travers, mais on se fait discret, ne saluant pas forcément les personnes occupées à leur tâches domestiques, et n’étant que rarement salué, sauf si on sollicite expressément le contact .

Apatou, c’est le terrain accordé à la fin du 19°siècle à Joseph , dit aussi « Capitaine Apatou » en remerciement pour ses années d’assistance en tant que guide aux expéditions de Crevaux vers le Haut Maroni et le sud de la Guyane, il a au centre du village son buste fièrement campé habillé de madras et décoré de colliers . Le noyau ancien est une accumulation irrégulière de cases autour desquelles on circule empruntant des ruelles très étroites. Autour sont apparues la mairie, le centre de santé, la gendarmerie, l’église , la poste ….et la boutique « Ala Sani » ( Ala sani Bun ) tout va bien en taki taki ). Le cercle suivant est celui des écoles : un collège, deux écoles primaires, deux maternelles, des logements pour les enseignants. Des quartiers périphériques sont apparues,habitations très dispersées ou micro villages agglutinés « à l’africaine ». Pas de numéro sur sa maison, pas de nom de rue à Apatou , à la limite on est soit « du bourg » (comme moi ) , soit d’un quartier précis , cela suffit largement à retrouver la personne .

Apatou s’est développée dans une large boucle du Maroni ( fleuve majestueux au débit puissant , semblable à la Loire en crue) , qui vient de passer le seuil rocheux dénommé « Saut Hermina » . Le fleuve rythme la vie des habitants , c’est l’unique voie de communication avec le reste du monde , il fournit du poisson en abondance , les hommes ici sont d’abord des hommes du fleuve , des piroguiers connaissant parfaitement les rochers visibles et invisibles , ils vivent du transport des hommes et des marchandises ( j’ai vu passer samedi une « pirogue de fret transportant au moins 15 fût de 200 litres de carburant) . En cas d’urgence , il y a bien sûr la pirogue ambulance qui fait les « EVA SAN » évacuation sanitaire , un heure et demie et c’est l’hôpital de St Laurent .

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